La Mer Rouge ne doit pas sa réputation qu’à ses magnifiques récifs coralliens. Elle provient aussi des épaves légendaires qu’elle abrite, comptées parmi les plus emblématiques au monde. Découvrez l’histoire du SS Thistlegorm, du Rosalie Moller, du Carnatic, du Giannis D et du Salem Express.

Le SS Thistlegorm

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    SS Thistlegorm | Martin

Le SS Thistlegorm est un cargo de la marine marchande britannique de 126m, armé d’un canon anti-aérien de 120mm et d’une mitrailleuse. Il transportait de nombreux véhicules et matériels militaires.

Le 6 octobre 1941, le navire devait ravitailler les troupes britanniques basées à Alexandrie, en passant par le canal de Suez. Le canal, bloqué par un bateau, oblige plusieurs navires à s’ancrer près de Ras Mohamed. Le SS Thistlegorm s’ancre proche du récif de Sha’ab Ali. L’armée allemande découvre la présence du navire et envoi alors deux bombardiers pour le détruire. Deux bombes ont provoqué l’explosion de la cale, chargée de munitions, entraînant le navire par le fond. Le SS Thistlegorm a coulé avec toute sa cargaison. C’est ce qui fait d’ailleurs de ce cargo une des épaves les plus emblématiques au monde. En effet, il transportait des motos, des camions, des chenillettes, deux locomotives, des fusils, des munitions et d’autres équipements.

C’est Jacques-Yves Cousteau qui découvrira cette épave dans les années 50, avant qu’elle ne devienne plus tard dans les années 90 un véritable musée sous-marin, compté parmi les plongées les plus populaires au monde.

Le Rosalie Möller

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    Rosalie Möller | Nicole Muller

Ce cargo de l’armée britannique est le jumeau du SS Thistlegorm, mesurant 108m de long pour 15m de hauteur. D’abord nommé Francis par la Booth Steamship Company Ltd, il est lancé en janvier 1910 pour effectuer des liaisons maritimes en extrême orient. Puis, en 1931, il est vendu à la compagnie Möller qui le rebaptise Rosalie Möller.

Au début de la seconde Guerre Mondiale, il rejoint l’Europe pour y effectuer des transports de charbon du Pays de Galles vers plusieurs destinations.
Sa dernière mission consistait à rallier Alexandrie, via le Cap de Bonne Espérance pour éviter la Méditerranée. Cette zone était devenue trop dangereuse à cause des mines allemandes et italiennes.
Tout comme le SS Thistlegorm, le 6 octobre 1941, le Rosalie Möller se retrouve ancré au nord de l’Egypte, proche de Ras Mohamed, en attendant de pouvoir remonter le canal de Suez.
Dans la nuit du 6 octobre, les deux bombardiers allemands envoyés pour détruire le SS Thistlegorm repèrent dans l’explosion le Rosalie Möller. Ils reviennent le lendemain dans la nuit du 7 au 8 pour bombarder ce dernier. Deux bombes sont lancées, l’une d’elles touche le cargo sur le flanc tribord. Il coule et vient se poser sur un fond de sable à 55m.

L’épave n’a été découverte qu’en 1999. Cette épave, accessible pour des plongeurs expérimentés, leur permet de pénétrer dans les cales et sur le pont, avec encore du charbon à son bord.
A tribord, la coque est complètement ouverte et tordue par l’explosion. Mais la carlingue forme un récif artificiel très intéressant en attirant de nombreuses espèces : mérous marbrés, bancs de carangues, de thons et de barracudas en chasse, rascasses et nuages de glassfish, parfois des requins.

Le Carnatic

Les plus belles épaves de la Mer Rouge - Epave du SS Carnatic - C6Bo Voyages, blog plongée
SS Carnatic | Paul Vinten

Le Carnatic fait partie des épaves les plus anciennes qui attirent toujours un grand nombre de plongeurs. Ce navire britannique marchand mixte de près de 90m fonctionnait à la fois à vapeur et à voile. Lancé en 1863, il assure le service postal, le transport de passagers et de marchandises. Il assurait notamment la route des Indes. Le bateau parvenait à relier L’Angleterre et Ceylan (ancien nom du Sri Lanka) en passant par le Cap de Bonne Espérance en 49 jours. Le canal de Suez n’a été inauguré que plus tard, en novembre 1869.

Pour son dernier voyage, en septembre 1869, il devait acheminer une cargaison chargée à Suez vers Bombay, avec 230 passagers et membres d’équipage à bord.
Dans la nuit du 13 septembre, il se dirige droit sur le récif d’Abu Nuhas que le capitaine ne parvient pas à éviter. Il le heurte violemment et le bateau se trouve aux 2/3 émergés mais sans dommage irréversible. Le capitaine lance alors un appel au Sumatra, qui fait route vers Suez, pour venir les secourir. Dans l’attente, la nuit suivante, l’eau continue de monter et noie la chaudière. Le capitaine décide alors d’évacuer les passagers. Nettement alourdi à l’arrière, le navire casse et la poupe glisse, engloutissant avec elle 27 passagers et membres d’équipage.
Les survivants parviennent par la suite à rejoindre l’île de Shadwan avec les chaloupes restantes et seront peu après secourus par le Sumatra.

Un navire longtemps oublié

Pendant près d’un an, des opérations de récupération menées à l’aide de scaphandriers permettent ainsi de récupérer une bonne partie de la cargaison. Ils ont pu remonter notamment de la monnaie, des lingots de cuivre et des sacs postaux. A la suite de quoi l’épave sera oubliée pendant plus d’un siècle, puis redécouverte en octobre 1973.

Cette épave est la plus ancienne du site d’Abu Nuhas, où elle repose aujourd’hui aux côtés du Giannis D, du Kimon M. et du Marcus, faisant de ce site un incontournable de la Mer Rouge.

Le Giannis D

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Giannis D | Martin

Le Giannis D était un cargo d’un poids de 2932 tonnes et d’une centaine de mètres de long. Construit en 1969 au Japon, il est mis à l’eau avec comme nom initial Shoyo Maru. Par la suite, en 1975, il change de nom pour celui de Markos pour enfin devenir le Giannis D en 1980. Au cours du mois d’avril 1983, le bateau part du port croate de Rijeka chargé d’un stock de bois résineux. Deux destinations prévues : Djeddah en Arabie Saoudite puis Hodeidah au Yémen.

Abu Nuhas, un récif infranchissable

Le navire traverse donc la mer Adriatique, la mer Méditerranée puis le canal de Suez, passe les contrôles de sécurité égyptiens et arrive au golfe de Suez : une grande étendue d’eau étroite, peu profonde parsemée de petites îles et de récifs coralliens parfois invisibles. Le capitaine traverse le golfe de Suez sans encombre et approche du détroit de Gubal, les obstacles dangereux sont en principe franchis. C’était sans compter sur Shab Abu Nuhas, un magnifique plateau de corail à ras de la surface et difficilement visible. Pour les bateaux au départ de Suez, il s’agit du dernier obstacle entre eux et la Mer Rouge.

Le 19 avril 1983, le capitaine dort profondément. Un grand fracas et un bruit retentissant le réveillent, mais le bateau lancé à pleine vitesse se heurte au récif d’Abu Nuhas. En effet, le cap a légèrement dévié, le chemin initial était censé passer bien plus à l’est. Face à l’étendue des dégâts, le capitaine donne l’ordre d’évacuer le navire.

Pendant quelques années, le Giannis D est resté figé sur le plateau. Finalement, il a fini de se fendre en deux et a glissé au pied du récif corallien, aux côtés du Carnatic, du Kimon M et du Marcus. C’est l’une des épaves d’Égypte les plus visitées par des plongeurs venus du monde entier.

Le Salem Express

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    Salem Express

Initialement construit en 1964 en France, ce bateau est un transporteur de passagers et de véhicules. Le bateau change plusieurs fois de mains avant d’être finalement racheté par Hussein Salem, homme d’affaires égyptien proche de l’ancien président Hosni Moubarak.
Rebaptisé « Salem Express », le navire relie les villes côtières de Safaga en Égypte et Djeddah en Arabie Saoudite.

Le 16 décembre 1991, le bateau est sur le chemin de Safaga. Chargé de pèlerins revenant de la Mecque et de véhicules, il est en pleine tempête. Cette dernière pousse le navire vers les récifs et c’est un peu après minuit qu’il fini par s’écraser sur les récifs de Hyndman. La coque se déchire à tribord. L’eau inonde le bateau par ce trou béant et le bateau coule en quelques minutes. On parle de 470 morts selon les données officielles, mais certaines sources estiment les pertes réelles de 700 à 1600 personnes. De nombreux corps sont remontés dans les jours suivant l’accident. Cependant la plupart se trouvent encore bloqués dans la partie basse et inaccessible du navire. Depuis, la plupart des accès ont été scellés.

Aujourd’hui, il existe quelques controverses à plonger sur cette épave. De nombreux individus pensent qu’il est inapproprié de plonger sur l’épave de ce navire en raison du grand nombre de morts. L’aspect religieux entre également en compte : ces centaines de pèlerins revenaient de la Mecque.

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